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1665

Adrien Perdou de Subligny, La Muse dauphine

Paris, Lesselin, 1665.

Anecdote au sujet des médecins et de Molière

Dans sa lettre du 29 novembre 1665, Subligny rapporte une anecdote qui met en scène l'effet du théâtre de Molière sur un spectateur.

On devrait défendre à Molière
D’avoir désormais de l’esprit,
Car, s’il ne cesse pas de plaire,
S’il compose toujours de sa belle manière,
De plaisir ou d’horreur tout le monde périt.
Ses Médecins ont fait une fort belle affaire :
Un Gentilhomme qui les vit
Entra contre leur corps en si grand colère
Que, quelques jours après, étant malade au lit,
Lorsqu’il les fallut voir, il n’en voulut rien faire.
Son confesseur vient et lui dit :
« Monsieur, vous vous perdez ; rien n’est si nécessaire »
On en fait venir trois, le malade s’aigrit,
Et, croyant qu’à leur ordinaire
Au lieu de consulter ils vont faire débit
De mules, de chevaux, d’habits, de bonne chère,
Comme au théâtre de Molière,
Il pousse un soupir de dépit,
Et ce fut le dernier qu’il fit.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »